J. CHANHOUN, Professeur de danse à l’UAM : “ Au Niger, on estime à plus de 300, les groupes chorégraphiques urbains.“

ANY : Bonjour Joël, présentez-vous à nos lecteurs

J.C. : Bonjour, je m’appelle Joël Moulaye Chanhoun, Danseur-Choregraphe  de la compagnie ADC (Artiste Danse Compagnie), professeur de Danse à l’université abdou Moumouni de Niamey dans le département Lettre Art et Communication (AC-LAC).

Présentez-nous votre festival ( d’où est venue l’idée et les activités au menu) qui sera à sa quatrième édition en avril 2019 à Niamey

Le festival Takarawa est le 1er festival consacré aux danses urbaines au Niger. Le festival allie toutes les disciplines chorégraphiques liées aux musiques actuelles (Pop, Afro, Hip hop , World Music, Coupé décalé…)

Au Niger, on estime à plus de 300, le nombre de groupes chorégraphiques urbains. Le festival Takarawa est donc une plateforme de rencontre  entre artistes danseur et public d’autant plus que par le passé, aucun événement de ce type n’existait au Niger, alors que les spectacles de Danse sont de loin ceux qui suscitent le plus d’engouement de la part de nos populations.

D’où m’est venu l’idée?

La raison de la création est dû au fait qu’au Niger il n’y a aucun Centre chorégraphique et les Danseurs n’ont pas un cadre d’échange idéal. C’est à peine qu’ils ont 2 événements de Danse dans l’année. C’est un ami et grand frère plus connu sous le nom de “Killer“, ancien rappeur du groupe Guillotine qui est actuellement l’administrateur du festival. C’est lui qui m’a encouragé à réaliser ce projet de festival qui est à sa 3ème édition.

Le thème de la 4ème édition est : “La Danse, un moyen de sensibilisation de la jeunesse Africaine face aux dangers de la migration irrégulière.“

Les activités au menu: Conférence de presse, Conférence grand public, Concours interscolaire, Atelier de formation, Master Class, Spectacle.

Vous êtes danseur. Pour vous, quelle est la portée de la danse urbaine pour la société ?

La danse urbaine se situe dans la même lignée que les autres spécificités de la danse notamment la danse contemporaine ou la danse traditionnelle.

Cependant son impact est essentiellement cantonné sur la jeunesse car c’est beaucoup plus cette tranche d’âge de la population qui la pratique un peu partout au monde.

Au Niger,la danse urbaine a mis du temps à être acceptée par la population mature (30ans et plus). Mais elle est aujourd’hui la branche de la danse sur laquelle même les autorités en charge de la culture et des Arts s’appuient.

Ses pratiquants ont representé deux fois successivement le Niger aux Jeux de la francophonie.

C’est dire l’influence de plus en plus remarquable de cette danse au sein des pratiques artistiques du Niger et sur son appréhension par les Nigériens.

Vous séjournez actuellement à Dakar au Sénégal où vous faites une formation complémentaire dans l’art de l’enseignement de la danse. Dites-nous plus à ce sujet

Oui je suis actuellement à l’Ecole des sables de Toubab Dialaw a 50 kilomètres de Dakar au Sénégal où je suis depuis 2 mois une formation en Art de l’enseignement de la danse. En effet l’enseignement de la Danse étant une réalité professionnelle et économique pour de nombreux danseurs en Afrique de l’Ouest, cette formation propose de nous accompagner dans une réflexion pédagogique  et de nous préparer au métier d’enseignant. C’est vraiment un programme complet en pédagogie de la danse pour l’enfant et l’adulte et cette formation est répartie en deux sessions (2018 et 2019).

L’objectif de cette formation est de donner aux Danseurs une meilleure compréhension de la pédagogie, spécifiquement dans le contexte culturel de l’Afrique de l’Ouest et d’être ainsi preparé au métier d’enseignant pour: améliorer la qualité de l’enseignement ; permettre aux enseignants danseurs de faire valoir des compétences acquises lors d’une formation spécialisée ; permettre  aux Danseurs de développer une activité professionnelle rémunératrice ; développer chez le danseur une connaissance approfondie de sa propre Danse, de soi-même et de son corps à travers la pratique de l’enseignement ; participer à la reconnaissance  des danses d’Afrique, patrimoniales et créatives, grâce à une transmission de qualité.

Quel regard portez-vous sur l’art de la danse au Niger ? 

Je pense que l’art de la danse au Niger ira bien puisque les danseurs de la génération actuelle ont commencé à prendre conscience. Il y a lieu de renforcer les capacités des danseurs Nigériens grâce à des ateliers de formation et des rencontres professionnelles ; ouvrir la danse urbaine du Niger à la diversité de la discipline  de par le monde.

Votre dernier message Joël ?

J’invite tout les danseurs du Niger à redoubler d’efforts  et à bosser dur si nous voulons un bel avenir pour l’art de la danse au Niger. Seul le travail paye et j’invite les autorités en charge de la culture du Niger d’avoir un regard sur  la Danse et ses pratiquants, de nous aider à créer des plates formes d’expressions. À mon retour du Sénégal incha Allah, j’organiserai un atelier d’échange une manière de transmettre à mes frères et sœurs danseurs ce qui m’as été transmis pendant la 1ère phase de la formation.

Pour terminer, nous sommes une plateforme culturelle et nos lecteurs tout comme nos fans ne refuseront pas que vous partagiez avec eux une petite vidéo de pas de danse (la vôtre) … 

Ma danse dans la vidéo parle de la nature, du vent, des feuilles, des arbres, c’est juste une petite improvisation.