Covid-19, Un vaccin d’AstraZeneca injecté en Afrique n’est pas reconnu par l’UE

Une polémique est déclenchée en Afrique depuis quelques jours autour du vaccin Covishield du laboratoire AstraZeneca, majoritairement injecté dans les pays africains à travers le dispositif « Covax » (don de l'OMS des vaccins anti-Covid-19 aux pays pauvres). Après que l’Union Européenne (UE) n'ait pas reconnu le Covishield d'AstraZeneca, le doute s’installe et la question de la mobilité (autorisations de voyage) se pose.

L’Union Européenne ne reconnaît pas le vaccin Covishield d’AstraZeneca injecté en Afrique.

Tout a commencé lorsque les représentations diplomatiques françaises en Afrique ont publié, il y a quelques jours, les modalités de réouverture des frontières françaises. Ainsi, depuis le 9 juin dernier, les personnes totalement vaccinées n’ont plus qu’à présenter un test PCR négatif de moins de 72h pour voyager en France. Mais cette modalité est assortie de condition selon laquelle la personne vaccinée doit l’être avec un vaccin reconnu par l’Agence européenne du médicament (EMA). Et dans leurs communiqués, les Ambassades françaises écrivent que « le vaccin Covishield n’est à ce stade pas reconnu par les autorités sanitaires européennes

Sur le site de l’Ambassade de France au Niger par exemple, voici ce qui est écrit : « Les vaccins admis par la France sont ceux reconnus par l’Agence européenne du médicament (EMA) : Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson. La preuve de vaccination n’est valable qu’à la condition qu’elle permette d’attester la réalisation d’un schéma vaccinal complet, soit :
• 2 semaines après la 2e injection pour les vaccins à double injection (Pfizer, Moderna, AstraZeneca) ; • 4 semaines après l’injection pour les vaccins avec une seule injection (Johnson & Johnson) ; • 2 semaines après l’injection pour les vaccins chez les personnes ayant eu un antécédent de Covid-19 (1 seule injection nécessaire).
 »

Cette information a perturbé les campagnes de vaccination en Afrique.

En effet, dans les pays francophones du continent, le doute s’installe… Le Niger a aussi reçu une dose de vaccins Covishield du laboratoire Astra Zeneca tout comme le VaxZevria du même laboratoire et d’autres doses de vaccins du laboratoire Sinopharm comme nous l’a confirmé Dr Ranaou Abache, Secrétaire général du ministère de la Santé.

A Madagascar par exemple, le phénomène a pris de l’ampleur. Le pays a reçu en grande pompe le 8 mai dernier,  250 000 doses de vaccin Covishield.

A l’annonce de la nouvelle par l’Union Européenne, le ministre Malgache de la Santé, le Professeur Jean-Louis Rakotovao-Hanitrala, s’est dit « surpris et choqué ».

« Ce vaccin nous a été donné par l’OMS et salué par l’Union européenne et toutes les agences de l’ONU. Le fait de ne pas le valider nous pousse à nous demander s’il n’y a pas un vaccin pour les Africains et un autre pour les Européens, » a-t-il déclaré dans la presse locale.

Pour Émée Ratsimbazafy, Vice-présidente du KMF-CNOE-Éducation des citoyens, une association de la société civile malgache, certaines personnes hésitent désormais à se faire vacciner.

« Lors de la réception des doses de vaccin, des représentants de la communauté internationale étaient présents à l’aéroport d’Ivato à Antananarivo, dont des représentants de l’Union européenne, pour inciter, pour encourager à se faire vacciner… Et puis là, tout d’un coup, on apprend que ce vaccin n’est pas reconnu par les autorités sanitaires européennes. Pourquoi ? Bon nombre de gens se demandent maintenant si ce vaccin est vraiment inoffensif et efficace,» a-t-elle raconté.

Toutefois, la bonne nouvelle est que si le vaccin pris n’est pas reconnu par l’Union européenne, le voyageur prendra un autre vaccin sur place à l’entrée du pays européen où il s’y rendait.

« Covishield » que l’UE ne reconnaît pas est fabriqué par Astra Zeneca, la seule différence est qu’il est manufacturé en Inde par le « Serum Institue of India »…. contrairement au vaccin VaxZevria manufacturé directement par Astra Zeneca.

Des tentatives de rassurer l’opinion publique

Des communiqués se sont multipliés pour tenter de rassurer l’opinion publique. Mais déjà, les fausses informations et les rumeurs sur les réseaux sociaux notamment, compromettent les campagnes de vaccination sur le continent. L’OMS réaffirme son soutien au Covishield. Elle a été suivie par les États-Unis, à travers leur Ambassade, mais aussi par le représentant des Nations unies. L’Union européenne a également réagi et rappelé l’importance de la vaccination dans la lutte contre le Covid-19.

Abdoulaye Ali & Assion Houessou

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