Fin des contrats de concession de la ligne ferroviaire Bénin- Niger (Comprendre le dossier)

Le Niger et le Bénin ont mis fin vendredi dernier aux contrats de concession de la ligne ferroviaire reliant le Bénin au Niger. La signature du protocole marquant la résiliation conventionnelle des contrats  a été actée en présence d’une délégation béninoise conduite par le ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané et celle Nigérienne conduite par le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou. Comment expliquer l’enlisement de ce projet, autrefois porteur d’espoir lancé en 2010 ? Rappel des moments marquants de ce dossier ayant conduit à l’échec faisant entorse au passage aux bonnes relations entre les deux pays voisins.

Le Niger et le Bénin mettent fin aux contrats de concession de la ligne ferroviaire devant relier les deux capitales.

Vendredi dernier, une délégation béninoise conduite par le ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané a rencontré à Niamey celle Nigérienne conduite par le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou ; l’objectif étant de parvenir à dénouer cette situation qui a enrhumé l’excellente coopération entre les deux pays.

La rencontre a donc permis de signer un protocole relatif à la résiliation conventionnelle des contrats de concession portant sur le ligne ferroviaire Bénin-Niger.

Dans une note rendue publique par le Bénin, les deux parties rappellent avoir signé deux memoranda avec le groupe Bolloré sur le projet de construction de la ligne ferroviaire mais l’exécution des contrats a été « affectée par des circonstances imprévues, en particulier d’ordre judiciaire et contentieux, obligeant les parties à cesser tous travaux relatifs à la construction de la ligne ferroviaire Bénin-Niger.» Surtout que les deux pays ne jouissent pas depuis lors des fruits de cette construction censée faciliter l’intégration et densifier les relations économiques et commerciales entre les deux pays.

La conséquence directe de cette résiliation est qu’elle met fin aussi aux conventions de concession signées par le Bénin et le Niger avec Benirail Infrastructures et Benirail Exploitation, des sociétés que Bolloré a utilisées pour signer un partenariat public-privé en 2013 dans le cadre dudit projet.

Le Niger et le Bénin pourront donc avancer sur d’autres projets communs selon la note. Notamment dans le domaine de la coopération militaire dans la lutte contre le terrorisme ; le Compact régional Niger-Bénin avec le Millennium Challenge Corporation (MCC) visant la réduction du coût de transport reliant les deux pays  et la construction du pipeline qui avance bien selon des sources concordantes.

Historique du dossier ferroviaire

2008, le Bénin et le Niger lancent un appel d’offres pour la construction d’une ligne ferroviaire devant relier Cotonou  à Parakou long de 438 km puis de Parakou à Dosso pour rejoindre Niamey, long de 574 km.

En juillet 2010, la société Pétrolin de l’homme d’affaires Samuel Dossou décroche l’appel d’offres international.

2013, le projet n’avance pas. Pétrolin est souvent accusé de ne pas avoir ni l’expertise ni la capacité financière pour mener à bien ce projet estimé à 4 milliards de dollars selon Patrice Talon (déclaration faite en mars 2018). Face à cet immobilisme, les deux États ont proposé à Pétrolin de faire de Bolloré, un partenaire stratégique. Entre temps, Bolloré a signé avec Pétrolin un partenariat incluant la confidentialité et la non-concurrence selon le groupe Béninois.

Bolloré construit rapidement la ligne reliant Dosso à Niamey (143km) avec en prime le paiement des arriérés de salaire des cheminots en raison du retard du projet et gagne sa confiance auprès des autorités Nigériennes.

Pétrolin engage une bataille judiciaire au Bénin contre Bolloré qui avait aussi l’accord de Cotonou pour la boucle ferroviaire Cotonou-Parakou. Le groupe Béninois l’emporte sur Bolloré en 2015 faisant de lui l’unique adjudicataire du projet depuis 2010. Le projet est donc immobilisé, les deux pays hésitant de continuer avec Pétrolin.

Après avoir beaucoup hésité sur sa position dans ledit dossier(Petrolin est Béninois), le Président Béninois Patrice Talon a finalement proposé aux groupes Pétrolin et Bolloré de se retirer à l’amiable du projet  et se contenter des dommages qui leurs seront concédés.

Patrice Talon voit en la Chine (par le biais de la China Railway Construction Corporation), un partenaire idéal pour finir le projet. Sauf que la décision de la  Cour d’appel donne les droits de concession au groupe Pétrolin.

Toutes les tentatives de conciliation menées depuis 2017 n’ayant pas abouti, les deux pays ont pris la responsabilité de résilier les contrats de concession avec Bolloré.

Qu’en est-il de Pétrolin ? Le communiqué n’est pour le moment pas clair dessus.

 

Lady Samira agendaniamey.com

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