Mali, Le PM Choguel Maiga déballe des informations inconnues du grand public (Vidéo)

Le Premier ministre de la transition malienne, Choguel Maiga a accordé une interview à la chaine nationale hier. Dans un franc parler, il donne son point de vue sur les sanctions de la CEDEAO tout en accusant ces décisions de « terrorisme diplomatique. » Comme à son habitude, le chef du gouvernement a déballé beaucoup d’informations inconnues au grand public.

Le Premier ministre de la transition malienne, Choguel Maiga a accordé hier une interview à la télévision nationale.

En langue bambara dominante dans le pays, il a donné son avis sur la transition politique mais surtout sur les sanctions de la CEDEAO contre le Mali. Agendaniamey.com vous donne quelques moments phares des réponses choques du ministre.

« Le Mali est victime aujourd’hui d’une situation dont il n’est pas totalement responsable. On a mis un voile épais sur le Mali, nous ne serons pas isolés. Nous n’accepterons pas l’humiliation, nous n’acceptons pas qu’on nous piétine. »

« Une transition n’est pas une fin en soi, une élection n’est pas une fin en soi. L’erreur que la Cedeao commet, c’est de ramener tout aux élections. Le Mali n’a fait que des élections depuis 30 ans. Pourtant pendant 30 ans il n’a cessé de sombrer. Et d’ailleurs, le dernier coup d’état est intervenu à la suite d’élections. »

« Les jeunes officiers patriotes qui ont parachevé la lutte héroïque du peuple malien en aout 2020, ne sont pas sortis des casernes pour venir prendre le pouvoir. C’est des officiers qui ont fait entre 15 et 18 ans sur les théâtres des opérations militaires au nord. Ils connaissent la réalité, ils ont vécu toutes les trahisons, tous les coups bas, tous les coups de poignards que notre armée a subi toutes les difficultés. Ils ont vu qu’on utilise une partie de l’armée pour tuer sur la population. La Cedeao était où en ce moment?

On ne peut pas comprendre qu’un pouvoir dit démocratiquement élu tire sur sa population et vous dites qu’il faut qu’il reste. La Cedeao nous a dit en son temps qu’il ne peut pas demander la démission d’un président. »

« Dans un pays vaste comme le nôtre, nous commandons 06 hélicoptères, au finish c’est deux hélicoptères qui sont livrés. 3 mois après on se rend compte que c’est des hélicoptères d’occasion achetés aux prix du neuf. Nous commandons 6 avions on en trouve 4, les deux on ne sait pas où l’argent est parti. Les 4 qui viennent manquent de certaines fonctionnalités.»

« En 2013, un gouvernement démocratiquement est élu, un gouvernement légitime comme ils l’appellent. L’insécurité était à kidal. 7 ans après, alors que vous avez barkhane, Takuba, G5 Sahel, l’armée malienne et autres, l’insécurité s’étend comme une gangrène dans le pays et atteint 80% avec un gouvernement dit démocratiquement élu. »

« C’est des gouvernements légitimes qui ont orchestré la corruption. Il y a des discours politiques. J’ai l’habitude de dire aux uns et aux autres que nous faisons de la politique. Nous sommes des pragmatiques. La politique c’est l’art de réaliser ce qui est possible et de rendre possible ce qui est nécessaire. Ce qui est nécessaire aujourd’hui c’est de restaurer la dignité du peuple malien. Sa sécurité, son indépendance. Ce qui est possible c’est de se donner le temps d’organiser une transition responsable.

Les agitateurs, ceux qui sont dans la propagande, dans les formules chocs ils ne sont pas collés à la réalité. Une politique déconnectée de la réalité, n’est pas une politique. »

« Je suis persuadée que si vous enlevez les mains étrangères, les influences étrangères qui ont un autre agenda, si vous enlevez ces influences, entre nous africains, on va se comprendre. Ensuite, le Mali est partant pour l’unité africaine quitte à céder tout ou une partie de sa souveraineté à cet effet. On est entrain de nous faire une mauvaise guerre. On ne peut pas aimer le Mali plus que les maliens. Ceux qui nous donnent des leçons est ce qu’ils peuvent aimer le Mali plus que les maliens? »

« On a besoin de rafraîchir un peu les mémoires des uns et des autres. La crise malienne est survenue en 2012, il a manqué un leadership éclairé et une maturité stratégique par rapport à notre outil de défense. Mais qui a détruit la Lybie pour répandre les armes partout? Pour amener des mercenaires de Lybie? Pour dire allez y, coupez le Mali en deux. C’est pas nous qui le disons, c’est des responsables français. J’ai les noms et tout est documenté. La France a dit, on va diviser le Mali, passons sur ça. »

« Le président est tombé. La Cedeao aujourd’hui elle parle de forces d’attente pour nous intimider. Ceux qui veulent nous intimider, notre peuple et notre armée les attendent de pieds fermes.

En 2012 il y a un sommet à Dakar à l’investiture du Président Macky Sall. A ce sommet de la Cedeao comme par hasard surgit le ministre des affaires étrangères de la France à l’époque, Alain Juppé et quand la Cedeao décide d’une force d’attente de 3000 hommes pour libérer le Mali, Monsieur Juppé dit non, 3000 hommes c’est trop. Vous avez vu ? On continue. »

« Le Mali et la Cedeao à travers l’Union africaine demandent la création d’une force internationale qu’on appelle la Misma créée par l’Onu. Vous savez ceux qui ont commencé par dénigrer la Misma? C’est les diplomates Francais, les écrits existent. On a fait trainer les choses, quand on a constaté l’absence de capacités de la Misma on a crée la Minusma. Qu’est ce qui a été dit à la création de la Minusma, allez lire la résolution. On est venu nous dire, les opérations de maintien de la paix, ce n’est pas pour faire la guerre mais qu’est ce qu’on a dit aux maliens, c’est pour les aider à lutter contre le terrorisme, passons. »

« L’opération Serval avait trois objectifs selon le président Français repris par son ministre de la défense. Détruire le terrorisme, restaurer l’intégrité du territoire malien et appliquer les résolutions des Nations unies. 9 ans après, le terrorisme a quitté l’extrême nord du pays pour prendre 80% du territoire. L’intégrité du territoire à la date d’aujourd’hui n’est pas rétablie. Les résolutions des nations unies changent chaque année au point que cette année nous nous sommes opposés à une résolution. »

« Est ce que vous pouvez imaginer que la lettre que le Président malien a écrit à l’Etat Français pour demander son intervention, aucune copie n’existe ni à la présidence ni aux affaires étrangères? L’original est en France. Nous voulons relire les accords déséquilibrés qui font de nous un Etat qui ne peut pas survoler son territoire sans autorisation de la France. Ces accords sont revus. Ca fait partie des choses pour lesquelles ils montent le monde contre nous. »

« La lettre qui a été envoyée à l’état Français le 11 janvier 2013, indique clairement appui aérien et en renseignements. Il n’était pas prévu des militaires français sur notre terre. Ils ont amené 4000 militaires français avec un budget d’1 milliard par jour. Interdit à l’armée malienne d’accéder à une partie de son territoire. Il y a un discours et la réalité. On arrive jusqu’à nous interdire de survoler des parties de notre territoire. Vous croyez qu’on va rester dans cela ? Ce gouvernement qui est en place a décidé que nous n’allons plus demandé d’autorisation à qui que ce soit pour survoler notre territoire. Nous allons nous donner les moyens et nous les avons aujourd’hui. »

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