Le « Thiéboudiène » inscrit au patrimoine le l’UNESCO (Histoire et Origine du plat)

Le ceebu jën sénégalais beaucoup plus connu sous le nom de « Thiéboudiène » ou « Tchiep » en wolof riz au poisson ou riz au gras ailleurs (Sourroundou au Niger) est classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO le 15 décembre dernier. Une très bonne nouvelle pour la cuisine africaine. Mais, quelle est l’histoire derrière ce mythique plat ? Comment est-elle née ?

Le ceebu jën sénégalais beaucoup plus connu sous le nom de « Thiéboudiène » ou « Tchiep » est classé patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO le 15 décembre dernier.

Une très bonne nouvelle pour la cuisine africaine surtout que cela fait des années que ce plat est devenu ambassadeur de la cuisine sénégalaise auprès des autres pays africains et d’outre-mer.

Le « Thiéboudiène », c’est du riz au poisson avec une couleur rouge colorée par la tomate et elle présente plusieurs saveurs tout comme plusieurs déclinaisons. L’on trouve du tchiébou yapp (riz avec viande), du tchiep yassa (riz au poisson avec sauce oignon),etc.

Histoire et origine

Il se prépare avec des légumes frais, des crevettes, de mollusques, de tamarin ou de boulettes dans le bouillon avant d’ajouter le riz. Mais quelle est l’histoire derrière ce plat ?

Selon leur rapport, l’histoire du tchiéboudiène naît à Saint Louis, alors capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) et plus précisément dans le quartier populaire des pêcheurs de Guet Ndar. C’est donc une ville balnéaire où débarquent à longueur de journée des pirogues chargées de poissons frais. C’est là qu’une cuisinière du nom de Penda Mbaye (1904-1984) a fait parler d’elle et de sa cuisine.

Selon le récit rendu public par la commission de L’Histoire générale du Sénégal auprès des anciens et des descendants de Penda Mbaye, un Gouverneur l’aurait approché pour lui demander de cuisiner pour ses invités.

« Lors des cérémonies familiales ou officielles, il fallait contenter les invités par la quantité de nourriture, mais aussi par l’originalité du plat. Penda Mbaye a eu l’idée de colorer le riz, non pas avec le concentré de tomates que l’on trouve dans la plupart des tieb aujourd’hui, mais avec des tomates cerises, plus colorées et plus goûteuses. Le riz blanc est alors devenu le riz rouge », raconte à Jeune Afrique, Alioune Badiane rapporteur de la Commission art, culture et civilisation du colossal projet d’ »Histoire générale du Sénégal », en cours d’écriture.

Aujourd’hui, le tchiéboudiène est connu sous différentes appellations sur le continent. Djoloff Rice en Gambie, riz au gras ou riz gras dans plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest et centrale et sourroundou au Niger. Pour Abdoul Aziz Guissé, directeur du patrimoine au ministère de la Culture du Sénégal rapporté par la même source, « avant la colonisation, le riz n’était pas un ingrédient local. À l’époque du colon, il a été imposé afin de faire passer le Sénégal dans une logique d’agriculture de rente. Les Sénégalais du Walo l’ont alors adopté en y introduisant tantôt du poisson, tantôt de la viande. C’est ainsi que, par résilience, un ingrédient imposé a mené à la création d’un plat national. »

Ce plat a aussi une portée sociologique. D’abord peu coûteux, ce plat rassemble toute la famille (puisqu’il est servi dans un grand bol ovale où les invités s’asseyent tout autour à même le sol ou sur une natte pour y plonger les mains) dans une ambiance de plein partage, d’amour. Ensuite, il est recommandé de manger le plat devant soi et non grappiller le riz devant quelqu’un d’autre.

La viande et les légumes étant au centre et sous forme de couronne sur le plat, la viande est toujours repoussée vers les plus âgés et les invités, une sorte d’invitation à manger. L’autre pratique traditionnel durant le manger, les femmes tranchent la viande en petits morceaux et le positionnent devant les hommes ou l’invité de sorte que ce dernier puisse vraiment apprécier la qualité de l’hospitalité (la teranga).

Si vous voulez manger et boire à Niamey, notez que le tchiep est servi dans la plupart des restaurants africains. Ce classement vient donc gratifier la cuisine africaine et par ricochet, la destination Sénégal.

Guevanis DOH

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