Terrorisme, 76 milliards de la Défense, Le PR élu, Mohamed Bazoum dit tout dans sa 1ère interview
Le nouveau Président élu, Mohamed Bazoum a accordé sa première interview à France 24 et Rfi. Il a abordé les questions de sécurité, de la détention d’Hama Amadou en prison, de la scolarisation de la jeune fille et du détournement d’un budget d’armement qui entache le ministère Nigérien de la Défense.
Le Président élu Mohamed Bazoum parle de la sécurité dans sa première interview accordée aux médias occidentaux.
Plusieurs sujets sont abordés et concernant l’insécurité surtout dans la région de Tillabéri qui a connu deux attaques cinglantes ces derniers jours.
A la question de savoir si le nouveau locataire de la Présidence allait jouer la carte du dialogue avec les djihadistes, M. Bazoum a répondu : « Nous ne pourrions pas envisager quelque dialogue que ce soit à partir du moment où nous n’avons pas un seul chef djihadiste Nigérien, nous n’avons pas une seule base djihadiste sur notre territoire et nous n’avons jamais entendu une quelconque déclaration d’un acteur majeur qui fasse allusion au Niger, à la gouvernance à l’œuvre dans ce pays et qui pose quelque question que ce soit, » a-t-il répondu.
Toutefois, il reconnaît avoir tenté de discuter avec les djihadistes par le passé. « Au demeurant, lorsqu’en avril 2016, j’ai été placé à la tête du ministère de l’Intérieur, j’ai essayé d’avoir un canal de discussion. J’ai envoyé des émissaires, ce sont de jeunes Nigériens qui sont dans l’EIGS (Etat islamique au Grand Sahara, ndlr) et qui sont très opérationnels sur notre territoire, leur réponse était de me dire que ce qui les intéresse, c’était le djihad au Mali, ils n’ont rien à voir avec le Niger, » rapporte-t-il.
« Je leur ai dit à travers les émissaires que j’étais prêt à discuter avec eux s’ils devraient dire qu’ils sont des Nigériens, mais appartenant à une certaine communauté ayant des revendications très précises en rapport avec notre gouvernance, leurs conditions de vie et nous sommes prêts à satisfaire à toutes leurs revendications. Ils m’ont envoyé une liste de 22 personnes détenues dans nos prisons en demandant leur libération avec un ultimatum pour la fin du mois de février 2017. Après quoi, m’avaient-ils prévenu, nous arrêterions le cessez-le-feu que nous sommes en train d’observer depuis que je suis au ministère de l’Intérieur.»
« La fin du mois de février, ils nous avaient attaqués et depuis lors, le situation s’est dégradée, Nous n’avons pas de partenaires Nigériens, nous avons des gens du Maghreb qui sont à la tête de l’EIGS qui font du jihad au Mali selon eux et qui font des incursions au Niger. »
Toutefois, l’ancien ministre de l’Intérieur laisse entendre que le défi de l’Etat est de protéger « les populations que nous avons la mission de défendre. C’est le défi de l’Etat et nous allons y faire face. »
Concernant la détention de l’opposant Hama Amadou, il a botté en touche toutes les questions posées estimant être « ni le Procureur, ni le ministre de la Justice » pour se prononcer sur le sujet.
En ce qui concerne la scolarisation des jeunes filles (77% des jeunes filles sont mariées avant l’âge de 18 ans et 28% se marient avant l’âge de 15 ans), le nouveau Président élu promet de créer des internats pour les jeunes filles dans les collèges ruraux à proximité des villages afin que les parents ne retirent pas les filles du système scolaire.
Quant au détournement d’un contrat d’armement de 76 milliards de Fcfa au ministère de la Défense, Mohamed Bazoum promet de faire en sorte que les coupables soient jugés. « Il n’y a pas d’audit. Sur les chiffres, la réalité est très différente de ce qu’on a pu en savoir en général. Cela dit, au ministère de la Défense du Niger, sous notre régime, il s’est passé des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Nous ferons en sorte que l’impunité cesse lorsque des Nigériens commettent des choses de ce genre. »
Abdoulaye Ali