Agriculture, La CAIMA dessaisit de la commande d’engrais pour un secteur plus libéral
La Centrale d'Approvisionnement en Intrants et Matériels Agricoles (CAIMA) a été dessaisit du monopole qu’elle avait sur la commande et l’importation des engrais dans le secteur agricole au Niger. La décision a été prise durant le premier conseil des ministres de l’année, jeudi dernier et voici les raisons.
La CAIMA officiellement interdite de commander et d’importer des engrais au Niger.
Cette décision a été prise en conseil des ministres jeudi dernier par une communication du ministère de l’Agriculture. La décision fait suite à la volonté du gouvernement de libéraliser le secteur des engrais pour une agriculture beaucoup plus forte et productive profitable à l’économie nationale.
Pour l’Exécutif, la libéralisation du secteur des engrais au Niger décidée en 2018 par décret se justifie par une nécessité de rendre les engrais de qualité, disponibles et accessibles aux producteurs sur l’ensemble du territoire national. L’objectif visé par ce Projet d’appui à la réforme du secteur des engrais au Niger (PARSEN) est l’augmentation de la demande des engrais, l’implication du secteur privé et le renforcement des capacités de l’ensemble des collèges d’acteurs de la chaine de valeur des engrais au Niger.
L’avancement du projet de libéralisation portant des fruits, le gouvernement a donc décidé d’interdire à la CAIMA de passer de nouvelles commandes ou de contrats d’importation d’engrais ; l’application par la CAIMA des mesures prévues dans la réforme du secteur des engrais sous le contrôle de l’Observatoire des Marchés des Engrais au Niger (OMEN), à compter du 28 février 2022 et l’arrêt de toute activité de la CAIMA dans le secteur des engrais dans le pays.
Par ailleurs, les tonnages non réceptionnés des contrats en cours entre la CAIMA et des fournisseurs d’engrais seront transférés sous la responsabilité du Ministère de l’Agriculture et gérés par l’OMEN, à partir du 1er mars 2022, lit-on dans la communication du ministère de l’Agriculture.
Bilan du secteur sous la CAIMA
Une étude éditée par la FAO et d’autres experts en juillet 2012 révèle que le secteur des engrais est caractérisé par de nombreuses insuffisances : les difficultés d’accès aux intrants de la CAIMA, les quantités insuffisantes ; les époques de livraison inadéquates ; les types d’engrais ne correspondant pas forcément à la demande des producteurs et productrices ; les fréquentes ruptures de stock ou l’indisponibilité des produits au moment voulu par les organisations paysannes.
Selon les statistiques du ministère des Finances relayées par le programme Compact du MCA-Niger (partenaire stratégique du gouvernement pour le plan de réforme du secteur), les besoins des producteurs s’évaluent entre 100.000 et 200.000 tonnes par an alors que la CAIMA a fourni moins de 24.277 tonnes en 2017, 23.353 tonnes en 2018, et 16.321 en 2019.
Un gros manque à gagner pour l’ensemble de la chaine de valeur agricole et sur l’économie donc du pays bien que l’Etat subventionne le dit secteur à 50%. Pour corriger cela, l’Etat a récemment mis en place l’Observatoire du Marché des Engrais au Niger (OMEN) et le Comité Technique des Engrais au Niger (COTEN) avec des démembrements dans les huit régions du Niger. Objectif, dialoguer, surveiller, faire la veille commerciale du secteur.
Pour rendre donc l’engrais accessible à un plus grand nombre, la réforme du secteur prévoit une subvention finement ciblée et facilement traçable auprès des producteurs. Sur le site web du MCA-Niger, l’on note qu’en 2020, 7211 producteurs ont pu bénéficier de cette subvention et ont pu acheter chacun 4 sacs d’engrais à 6.750 FCFA au lieu de 13.500 Fcfa.
L’agriculture emploie environ 90% de la population au Niger, une population essentiellement rurale.
Lady Samira