Privée des J.O, accablée sur le net, Aminatou Seyni réagit aux murmures sur sa féminité
Aminatou Seyni ne compte pas se laisser faire face aux propos calomnieux concernant sa féminité depuis que la fédération internationale d’athlétisme l’a recalé des Jeux olympiques de Tokyo pour hyperandrogénie (excès d’hormones masculines chez les femmes). Sur sa page Facebook, elle a posté un message fort.
La sprinteuse Nigérienne Aminatou Seyni n’aime pas du tout les commentaires de ses compatriotes qui doutent de sa féminité.
Des commentaires qui alimentent la polémique depuis que la fédération internationale d’athlétisme l’a recalé pour avoir refusé de prendre des médicaments afin de baisser son taux de testostérone.
Tout remonte au week-end dernier lorsque la Fédération internationale a notifié à la sprinteuse des 200 mètres son retrait des Jeux olympiques de Tokyo 2020 (repoussés pour la période du 30 juillet au 08 août 2021 à cause du coronavirus) pour avoir refusé de prendre des médicaments.
En début de semaine, l’athlète a réagi en ces termes sur Rfi : « Ils m’ont demandé de prendre quelques médicaments. J’ai dit que je ne pouvais pas prendre des médicaments que je ne connais pas. C’est délicat, je ne peux pas prendre ce que je ne connais pas.»
Commentaires frustrants
Depuis lors, les commentaires sur la toile nigérienne vont dans tous les sens. Si la sprinteuse reçoit des soutiens dans sa famille professionnelle, d’autres de ses compatriotes doutent de sa féminité compte tenu de son physique.
Des critiques mal vécues par l’athlète qui a réagi hier de la plus belle des manières. « Depuis avant hier j’ai constaté beaucoup de commentaires concernant ce sujet. Je vous prie de ne pas oublier que je suis l’une des créatures de Dieu, » peut-on lire hier sur sa page Facebook.
« C’est une polémique qui frappe de plein fouet l’athlétisme mondial, je vais surmonter cela et continuer d’inspirer des jeunes femmes et athlètes dans le monde. Mais cela ne va pas me freiner dans mon combat pour le respect des droits de toutes les athlètes concernés. Tout ce que nous voulons, c’est d’être autorisé une fois pour toutes à courir librement, comme les femmes fortes et courageuses que nous sommes et avons toujours été. »
Ce n’est pas la première fois qu’Aminatou Seyni fait face à ce défi au niveau international. En 2019, elle a déjà été recalée des 400 mètres à Doha et a continué sa compétition dans la catégorie des 200 mètres. Une catégorie qui n’est pas touchée par le règlement sur l’hyper androgénie de l’instance internationale.
Contre toute attente, elle se voit recalée en 2021 pour les 200 mètres. Cette décision fait polémique au niveau international. « J’ai décidé de faire le 100m et le 200m pour éviter ces problèmes, et de ne pas faire le 400m,» a-t-elle déclaré durant une récente sortie médiatique.
Mais l’athlète de 24 ans qui connaît ces humiliations depuis fort longtemps. En 2015 par exemple, sous la pression de ses adversaires à Niamey, elle a dû être emmené au quartier Fayçal par les organisateurs pour vérifier qu’elle était bien une fille.
Toutefois, elle ne veut pas baisser son taux de testostérone et promet de se concentrer sur les prochains Jeux olympiques de Paris en 2024.
Abdoulaye Ali