La statue de Mahatma Gandhi détruite au Ghana, silence au Niger
A Accra au Ghana, la célèbre université de Legon se fait entendre en détruisant la statue de Mahatma Gandhi, ce dernier accusé de racisme envers les noirs Africains. Un revers pour cette icône dont la statue est érigée dans plusieurs autres capitales africaines dont Niamey.
Offerte en 2016 par l’ancien Président indien Pranab Mukherjee, la statue du célèbre militant anticolonialiste Mahatma Gandhi a été complètement détruite de l’enceinte de l’université de Legon à Accra, où elle dressait fièrement son étendard sous forme d’icône, avant d’occuper la première place devant toutes les autres statues dans l’enceinte de l’université.
Les origines de cette action remontent en 2018, lorsque professeurs et étudiants de cette université ont soulevé une polémique sur les affirmations de l’icône mondiale de la non violence, Gandhi. Pour eux, Gandhi serait raciste et ne mérite pas cet honneur.
Une accusation adossée à des citations extraites d’un livre publié en 2015 par deux écrivains sud-africains. Le livre révèle qu’en 1904, ce militant anticolonialiste vivait en Afrique du sud et considérait les indiens supérieurs aux « kaffirs », un terme péjoratif utilisé pour désigner les Africains noirs.
Pour son petit fils, Rajmohan Gandhi, Biographe et Professeur des Universités aux USA, « le jeune Gandhi était sans doute parfois ignorant avec certains préjugés sur les Noirs en Afrique du Sud, » a-t-il déclaré à l’Indian Express avant d’ajouter que Nelson avait pardonné ces propos utilisés dans un « contexte de l’époque et des circonstances.»
Inauguration hier du Centre International de Conférence Mahatma Gandhi à Niamey
Célébrer les héros africains
La polémique s’est donc enflée depuis deux ans au Ghana et les professeurs ont d’ailleurs lancé une pétition qui a eu un nombre important de signatures.
Le directeur des langues, littérature et théâtre à l’Institut d’études africaines à l’AFP, le professeur Obadele Kambon confiait à l’AFP que c’est une question de dignité car, « Si nous ne montrons aucun respect pour nos héros, comment le monde peut-il nous respecter? ». « C’est la victoire de la dignité et du respect de soi des Noirs » a-t-il ajouté. Mais les revendicateurs à l’origine de la destruction de la statue ne comptent pas s’arrêter là. Aussi réclament-ils que soient mis en avant les héros africains. L’Afrique a trop peu célébré ses héros et il est temps d’y remédier. De fait, il faut que nous affichions fièrement nos héros dans les lieux publics, aux lieux de faire l’apologie des personnalités étrangères parfois mythiques même.
Inauguration hier du Centre International de Conférence Mahatma Gandhi à Niamey
La publication de ces propos occasionne la destructions des statues de l’icône mondiale sur le continent. Des leaders malawis se sont récemment opposés à l’installation de cette statue dans la capitale Blantyre alors que les sud africains ont vandalisé de leur côté en 2015, une œuvre en l’honneur du chantre de la paix.
Au Niger, cela ne fait pas encore débat. Il y a de cela quelques mois, cette statue est érigée dans le plus grand Centre de conférence international à Niamey et porte d’ailleurs son nom.
Assion Houessou