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Terrorisme, l’avis du PR Bazoum sur la présence militaire étrangère au Niger

Le Président Mohamed Bazoum a pris le temps d’expliquer le fond de sa pensée concernant la situation sécuritaire au Niger et les raisons qui fondent sa conviction sur sa coopération avec Barkhane et Takuba dans la lutte contre le terrorisme. C’était durant la conférence des cadres tenu en fin de semaine dernière à Niamey. Lisez plutôt !

Le Président Mohamed Bazoum persiste et signe que son pays a besoin de coopérer militairement avec Barkhane et Takuba pour contrer le terrorisme.

Devant des forces vives de la nation, il a expliqué le fond de sa pensée dans un langage simple et accessible à tous.

Agendaniamey.com relaie sur sa plateforme les autres avis et il est de notre devoir pour des raisons d’équilibre de publier ce long passage sur les futurs accords de coopération qu’il compte nouer avec les partenaires européens.

«J’ai eu à dire devant le Président Macron, et ça se relève comme étant une contradiction de ma part, que nous n’avons pas besoin de troupe au sol. Je le pense,nous n’avons pas besoin de force au sol. J’ai mes militaires, j’ai mes FDS. Mais j’ai besoin de leur concours à eux (les Européens) et ça ne peut pas être par satellite. Il faut qu’ils soient au sol eux aussi, mais une composante au sol réduite avec des capacités aériennes», a expliqué le Président Bazoum.

Pour le Chef de l’Etat, la coopération dans la lutte contre le terroriste est plus que nécessaire, à la fois pour nos pays et pour l’Europe. D’où d’ailleurs la formule de la force Takuba. Il souligne que l’Europe, plus que les Etats Unis, la Chine ou la Russie, a intérêt que la situation se stabilise dans nos pays. «Pourquoi c’est l’Europe qui intervient au Sahel et non les Etats Unis, la Chine ou les autres?C’est parce que l’Europe considère que nous sommes voisins. Et que si le terroriste prospère au Sahel, nos économies seront détruites et cette violence peut se transporter chez eux. Mais la destruction de nos économies va aussi pousser beaucoup d’Africains à migrer vers l’Europe parce que c’est tout simplement la porte de sortie. C’est pourquoi les Européens considèrent que les problèmes de l’Afrique sont à certains égards leurs problèmes à eux et qu’il fallait qu’ils nous aident. C’est ce qu’ils font dans le cadre de ces opérations. C’est pourquoi on a, dans cette force Takuba, des Estoniens, des Tchèques, des Danois, des Italiens, etc. des gens qui parfois ne connaissent même pas l’Afrique mais qui sont mobilisés pour venir aider les pays africains à se stabiliser», a relevé le Président Bazoum.

Toutefois précise le Chef de l’Etat, les termes de cette coopération doivent être définis d’un commun accord. «Nous avons besoin d’eux, pas pour qu’ils nous règlent les problèmes mais pour qu’ils nous aident. Si demain on conclut un accord, ça va être un appui technique qui va être conclu, dans ses aspects opérationnels par des militaires. Nos militaires vont dire ce qu’ils veulent.J’ai donné mon accord pour dire que si vous acceptez de venir, c’est moi qui formule la demande. Vous serez à Ouallam, à Ayorou, à Bankilaré», a déclaré le Président Bazoum. Il a ensuite indiqué que, le mercredi 23 février,Barkhane a frappé des terroristes à Boulkagou au nord-ouest de Samira. Elle a tué un chef terroriste un certain Abdoulwahab. «Ce sont les gens qui mettent des mines anti-personnelles. Quel est le Nigérien à qui cela fait-il mal lorsqu’on tue 9 terroristes dont des artificiers qui fabriquent des engins explosifs improvisés avec lesquels ils tuent nos soldats», s’est-il interrogé.

Face à ce type d’ennemis dont la caractéristique est justement de ne pas s’en prendre forcement à l’armée mais aux populations, le Chef de l’Etat a souligné que le Niger n’a pas les moyens de garder tous les villages malgré tous ses efforts. «Si j’avais assez d’argent j’aurai acheté plus d’hélicoptères, j’aurai enrôlé plus d’hommes, je les aurai entrainé dans des académies où ils seraient encore plus performants. Mais ce n’est pas ça l’idéal de la réalité. Ma réalité est déterminée par mes moyens limités. Si à côté de mes 12.000 militaires en opération, je peux placer 400 à 600 ou 700 européens qui ont des hélicoptères, qui vont travailler avec eux, c’est ça l’esprit de Takuba. Au Mali, ils travaillent avec les FAMa et c’est ça aussi l’esprit de Barkhane parce que eux-mêmes ont fait leur évaluation et ils ont compris que ce n’est pas bien qu’ils soient à part et qu’ils agissent seuls. Ce n’est pas bien perçu et ce n’est même pas bien efficace», a-t-il expliqué.

Dialogue

Dans cette lutte contre le terrorisme, le Chef de l’Etat ne lésine sur aucun moyen. «Mon devoir de Chef d’Etat, c’est d’assurer la quiétude à mes compatriotes où qu’ils soient. Et ceux qui m’aident pour mon économie, s’ils peuvent m’aider pour alléger le fardeau à nos militaires, eux ils ne disent pas non. Ce sont des compatriotes qui sont qui à New York, qui à Abidjan, qui en France, qui en Belgique qui, sur les réseaux sociaux intoxiquent l’opinion. Mais, ils n’ont aucune responsabilité. Si quelqu’un meurt, ils sont tranquilles, mais moi je ne suis pas tranquille. J’ai juré dans cette même salle sur le Saint Coran que je ferai de mon mieux et c’est ça mon mieux», a-t-il souligné.

C’est dans cette optique le Chef de l’Etat dit mobiliser des émissaires pour rencontrer certains acteurs de l’insécurité et terrorisme. «Je me suis dit que ces jeunes gens là qui sont dans le terrorisme qu’est-ce qu’ils veulent? Je les connaissais déjà à travers les fiches de renseignement. J’ai donc décidé de les aborder. J’ai cherché les parents biologiques de chacun d’entre eux. Ils sont neuf (9) chefs terroristes à qui j’ai envoyé des émissaires. Je leur ai envoyé des émissaires qu’ils ont rencontrés à Birni Kebbi. J’ai parlé avec certains, j’ai reçu d’autres. Je suis en train de leur expliquer que ce qu’ils font n’est pas bien. J’ai libéré d’autres de Koutoukalé dont on m’a conseillé de libérer lors des réunions du Conseil national de sécurité», a-t-il souligné. Le résultat est là parce qu’on ressent une légère accalmie. «Je ne désespère pas. Si ça marche c’est bien. Mais je me suis dit que je ne  dois pas laisser nos enfants égarés sans que je tente quelque chose et sans que je leur parle le langage auquel ils doivent pouvoir être sensibles. Je ne ménage aucun moyen», a ajouté le Président Bazoum.

«Nous n’avons aucune relation de soumission avec qui que ce soit»

Il ensuite exprimé son intention d’utiliser tout ce qui peut l’aider à ramener la paix dans le pays et à alléger le fardeau sous lequel ploient les militaires. «Et je vais l’utiliser sans complexe. Je n’ai aucun complexe. Je suis dans un rapport totalement décomplexé avec qui que ce soit», a-t-il déclaré. Les Français et tous les autres sont des alliés « mais je travaille pour la souveraineté de mon pays parce que la première des souverainetés c’est d’assurer la paix à nos citoyens», a-t-il.

Le Président Bazoum s’est dit prêt à travailler avec tous ceux qui peuvent aider le Niger dans la lutte contre le terrorisme à travers la formation, l’équipement ou l’appui aux FDS. «Et donc je suis prêt si, aujourd’hui, les Russes nous disent qu’ils veulent nous former des forces spéciales. Mais je n’ai pas les moyens de louer une société de sécurité privée parce qu’il semble que ses services coûtent 10.000 dollars le mois le soldat. Et donc pour 1000 soldats, cela fera à peu près sept (7) milliards de FCFA par mois. Mais si j’ai 7 milliards, je les mettrais pour acheter des hélicoptères à mes militaires».

Par rapport à la situation au Mali, le Chef de l’Etat a déclaré le gouvernement n’a rien contre le Mali. «Nous ne sommes pas contre le Mali. Pourquoi nous serions contre le Mali? Nous sommes contre un régime, tout comme le Président Alpha Omar Konaré avait exigé que nous soyons renvoyés de l’OIF en 1996 quand le Président Baré avait fait son coup d’Etat. Nous avons été victimes de ces mesures de la CEDEAO lorsque le président Tandja avait fait son  « Tazartché ». Lorsque le général Salou Djibo a fait son coup d’Etat, ça a été la même chose. Dès que les autorités maliennes auront accepté de faire une transition comme la CEDEAO le veut, ces mesures vont être levées», », a-t-il déclaré.

La responsabilité du gouvernement sera engagée devant l’Assemblée nationale

Face au procès qu’on fait au gouvernement par rapport à un éventuel reploiement de Takuba et de Barkhane au Niger, le Chef de l’Etat a décidé de suivre la voie constitutionnelle. «On ne sait pas ce qui va se passer au Mali quand Barkhane et Takuba vont se retirer. Si nous avons des alliés qui vont nous aider, on va leur demander de venir. Ils seront avec nous, ils vont opérer avec nos forces. Ce sont des discussions techniques qui auront lieu avec nos militaires. J’ai pris cet engagement. C’est ma prérogative constitutionnellement reconnue. Mais les gens nous font ce procès, soit disant que le peuple souverain n’est pas d’accord. On nous faisait depuis longtemps ce procès que nous signons des accords sans informer l’Assemblée nationale. Nous lisons notre Constitution. S’il y avait une seule disposition que nous aurions violée en nous comportant comme ça, on aurait pu mettre ça en évidence et engager le recours qu’il faut puisque il y a une Cour constitutionnelle pour arbitrer. Les articles 168 et 169 de la Constitution nous font obligation de soumettre à l’Assemblée nationale pour donner l’autorisation de la promulgation d’une loi lorsqu’on signe un accord de défense ou un traité de paix. Ce que nous avons fait jusqu’alors, ce n’est pas des accords de défense, c’est des arrangements juridiques sur les statuts des personnels. C’est des accords de coopérations qui n’ont pas vocation à passer devant l’Assemblée nationale et être adoptés sous les espèces d’une loi. Mais cette fois ci, comme on nous intente un grand procès comme ça. Nous nous sommes dit qu’on va régler le problème en le soumettant à l’Assemblée nationale qui est la représentation du peuple. Il n’y a pas d’autres mécanismes. C’est à dire que nous sommes obligés d’engager la responsabilité du gouvernement, c’est-à-dire que nous prenons même des risques. C’est la seule façon qui existe parce qu’il y a tellement d’enjeux autour de cette question», a-t-il expliqué.

Le Niger n’a pas de leçons de démocratie à recevoir. «Notre peuple est représenté par l’Assemblée nationale et on va demander à l’Assemblée nationale si elle est d’accord avec les arrangements que nous allons faire quand des partenaires à nous seront disponibles pour venir nous aider dans la guerre que nous menons contre le terrorisme», a ajouté le Chef de l’Etat.

«Dans le contexte actuel, ceux pensent et disent que si nous acceptons qu’on nous aide c’est que nous sommes des  « vendus », se trompent tout simplement. Nous ne sommes pas et ne seront jamais des vendus. Nous avons une histoire de lutte, de combat, d’engagement politique sous-tendu par une éthique qui n’a jamais été prise en défaut. C’est très clair et je suis sans complexe», a conclu le Présdent Bazoum qui demande à toute la population de prier le pays.

Partenariat stratégique

Bien que le Niger ait une armée équipée et solide, le contexte sécuritaire régional et global nécessite des partenariats pour faire face aux défis complexes qui se présentent. «Nous avons noué de partenariat avec des pays amis qui nous ont assuré une bonne formation de nos soldats. Sur le conseil des responsables de nos Forces de défense et de sécurité, nous avons privilégié la formation des Forces Spéciales», a dit, à ce propos le Chef de l’Etat. C’est ainsi que des Belges, des Français, des Canadiens, des Italiens et des Américains ont formé sur place les soldats nigériens. «Nous avons disposé, grâce à l’assistance de nos partenaires dans le cadre des formations de nos Forces spéciales, des équipements et d’infrastructures que nous n’aurions jamais pu avoir et qui ont par conséquent considérablement  amélioré les capacités  de nos armées, tant et si bien qu’elles sont capables de tenir nos pays», a relevé le Président Bazoum. Dans le même ordre d’idée, les USA ont réparé le C130 des FAN. Ils ont donné deux autres Niger. Ces appuis multiples ont renforcé les capacités opérationnelles des FDS.

Malgré tout, la menace terroriste est toujours présente et elle s’accroit même. «Quelles que soient les performances de notre armée, quelle que soit la rigueur de sa discipline, si dans un pays voisin les choses n’évoluent pas bien, et comme les terroristes eux ils sont transnationaux, cela a un impact sur nous et nous met sous une très forte pression», explique le Chef de l’Etat. Il a ensuite relevé la nature de l’ennemi et son mode opératoire qui n’a rien à voir avec la guerre frontale, classique. «Nous avons un ennemi qui est très rapide, qui circule à moto. Nous avons un ennemi qui ne nous combat pas forcement frontalement, qui passe dans un village, qui intimide les villageois, qui les humilient et qui leur arrache des dimes, qui les obligent à lui payer des taxes. Nous avons un ennemi qui est cruel, qui peut venir décimer tout un village, cibler des personnes, piller des boutiques, bruler des écoles, saboter des antennes de téléphonie mobile. De tout cela, nous devons répondre, nous devons faire en sorte qu’aucun Nigérien ne subisse l’humiliation, ne soit pressuré, ne voit son bétail être volé et conduit au Mali. C’est mon devoir à moi de faire en sorte que tout cela cesse. C’est moi qui ai le plus mal quand, dans l’Anzourou ou dans le Tondikiwindi, ou dans la région d’Abala, des bandits viennent maltraiter des hommes devant leurs femmes, les intimider, les extorquer. C’est notre devoir d’y répondre», souligné le Président de la République.

Avec lesahel.org

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