Zalika Souley est décédée, Zoom sur une pionnière du cinéma africain (Ses derniers conseils)
La première actrice professionnelle dans le monde du cinéma Zalika Souley n’est plus. L’actrice Nigérienne est décédée des suites d’une longue maladie à l’âge de 74 ans. Retour sur quelques faits d’arme importants pour l’histoire.
Zalika Souley est décédée le 27 juillet dernier à l’âge de 74 ans.
« Nous avons la profonde douleur de vous annoncer le décès de Hadja Zalika Souley le 27 juillet 2021 des suites d’une longue maladie,» a annoncé ses proches et largement relayé sur les réseaux sociaux.
Née en 1947 sur les rives du fleuve Niger, Zalika Souley a laisses des traces dans le 7ème art. Passionnée du cinéma, elle a bravé des clichés socioculturels toujours très pesants aujourd’hui au Niger pour exercer sa passion : la comédie.
Une révolution impressionnante qui fait d’elle d’ailleurs la première femme à s’adonner de manière professionnelle au cinéma en Afrique. « En 1966, ce n’est pas facile pour une famille musulmane de laisser sa fille porter un pantalon, à plus forte raison monter à cheval, courir avec les hommes. J’étais la seule femme parmi les hommes. Heureusement que mon père était quelqu’un qui comprenait tout. Il ne m’a jamais empêchée (de faire du cinéma), au contraire il m’a toujours encouragée. On m’a insultée, on a insulté mes parents, » a-t-elle confié au magazine Awotele en 2019.
Avant l’indépendance de la plupart des pays africains, la comédienne a commencé par vivre de sa passion (déjà à 18 ans) sans pour autant avoir fait une formation. « C’est un métier que j’ai choisi et que Dieu a mis dans mon destin,» a-t-elle dit au même magazine chez qui elle a accordé l’une de ses dernières interviews.
En 1966, elle incarnait l’héroïne du film de Mustapha Alassane, Le Retour d’un aventurier.
Le film dans lequel il a joué pour Oumarou Ganda en 1970, Le Wazzou polygame décrocha l’Etalon d’or du Yennenga au FESPACO en 1972.
Elle obtint la même année, le prix de la critique internationale au Festival du film francophone de Dinard.
L’une de ses dernières apparitions publiques fut en 2019 en Côte d’ivoire à la 8ème édition du Festival international du film des lacs et des lagunes (Festilag) durant laquelle l’Association des comédiennes africaines de l’image (ACAI) conviait les pionnières du continent pour leur rendre hommage.
« Pour moi, c’est une avant-gardiste, a réagi après son décès Naky Sy Savané, une comédienne ivoirienne chez les confrères de franceinfo Afrique.
« Elle nous a donné la force à nous autres. Je l’ai toujours connue (…) Elles (les premières actrices africaines), à leur époque, auraient aimé faire ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui, à savoir s’organiser. (…) Quand je l’ai contactée, elle m’a dit qu’elle tenait à être présente en dépit de son état de santé parce que, affirmait-elle, ‘ce sont des choses que nous avons voulu faire. Même si c’est mon dernier combat, je le ferai,» m’avait-elle encore dit.
« Nous sommes toutes affectées à l’ACAI. Zalika a démontré avec sa carrière que nous autres pouvions marcher la tête haute : on peut être une comédienne, jouer les rôles que nous voulons, tous les rôles intéressants sans se soucier du qu’en-dira-t-on. C’était une femme de conviction, une féministe, une militante qui n’a pas voulu se laisser dicter sa vie. »
Dans le magazine Awotele, elle a prodigué un précieux conseil : « Il ne faut pas que les jeunes pensent qu’ils peuvent faire un film uniquement pour les festivals,» a t-t-elle tout en conseillant d’aimer ce qu’on fait. Repose en paix l’Artiste !
Abdoulaye Ali