M. Bazoum sur l’ECO:« Notre intérêt est d’avoir une monnaie qui nous mette ensemble avec le Nigéria»

Mohamed Bazoum pense que l’intérêt du Niger est « d’avoir une monnaie qui nous mette ensemble avec le Nigéria.»

Dans une interview postée sur son compte Facebook, le Président Nigérien est très préoccupé par la question monétaire. Pour lui, il faut vite évoluer ; dépasser le Fcfa et mettre en œuvre l’ECO.

Au cas échéant, il dit que le Niger sera obligé (compte tenu de sa position géographique) de trouver une entente directe avec le Nigéria qui est son premier partenaire commercial. Voici l’intégralité de sa réponse de savoir s’il est pour une nouvelle monnaie (l’ECO) ou pas.

« Je ne suis pas opposé au Fcfa. Mais dans la mesure où j’ai le Nigéria comme voisin, qui a sa monnaie caractérisée par une politique monétaire qui a fait en sorte que cette monnaie est très faible alors que le Fcfa est riche, nous avons de réelles difficultés pour l’amélioration de l’économie, pour le développement économique de notre pays. Notre plus grand partenaire commercial, c’est le Nigéria avec qui nous avons 1600 kilomètres de frontière et notre intérêt est de pouvoir commercer de façon fluide avec le Nigéria.

Le Fcfa a ses avantages et il a aussi ses inconvénients qui sont loin d’être rédhibitoires pour que nous y soyons opposés de façon doctrinale. Le Niger est dans une position telle que le Fcfa n’est pas favorable au commerce que nous avons envie d’entretenir avec le Nigéria. Nous avons une monnaie très forte qui fait que nous ne pouvons rien exporter au Nigéria.

Pire, quelque soit ce que nous produisons sur notre territoire, il est concurrencé par ce qui nous vient du Nigéria.

Il est arrivé en effet après une dévaluation du naira, que des animaux exportés au Nigéria nous reviennent ici parce qu’il est plus facile d’aller les acheter et revenir les vendre sur le marché du Niger et faire des bénéfices.

C’est une situation extrêmement difficile et nous sommes entrés dans la ZLECAF  où nous avons besoin d’avoir des avantages comparatifs. Mais quand nous avons un voisin qui nous damne le pion sur tous les plans à cause de la différence de la monnaie, cela créée de réelles difficultés. C’est pourquoi vous aurez constaté que le Président Issoufou à qui la Cedeao avait confié la mission de réfléchir sur la mise en place de l’ECO comme monnaie commune de la Cedeao avait fait une réflexion très dynamique, bien fouillée et avait fait des propositions sur lesquelles il n’y avait pas eu de consensus.

Le Niger a, plus qu’aucun autre pays (peut être même plus que le Bénin), intérêt à ce que nous ayons une monnaie commune de la Cedeao à cause de notre voisinage avec le Nigéria.

S’il est difficile que l’ECO  advienne un jour, nous serons attentifs  à ce que nous pourrions faire même avec le Nigéria de façon individuelle. Et ce sera aussi à condition qu’il y a une autre politique monétaire au Nigéria. »