Gazoduc Algérie-Niger-Nigéria, pourquoi cet ambitieux projet traîne autant ? (Les faits)
Le Niger, l’Algérie et le Nigéria se sont convenus mercredi dernier de mettre ne place une feuille de route pour la réalisation de l’ambitieux projet de gazoduc transsaharien. Mais qu’est ce qui bloque ce grand projet dont l’idée a germé depuis les années 80 et qui pourtant propulsera le développement économique de ces 3 pays ? Genèse d’un grand projet qui tarde dans son accomplissement.
Le Niger, l’Algérie et le Nigéria se sont convenus mercredi dernier de mettre ne place une feuille de route pour réaliser le projet de gazoduc censé traverser les 3 pays.
La réunion a eu lieu à Niamey en présence du ministre Nigérien du Pétrole, de l’Energie et des Energies renouvelables du Niger Mahamane Sani Mahamadou, du ministre d’Etat des ressources pétrolières Nigérian Timipre Sylva, du président directeur général du Groupe Sonatrach (entreprise pétrolière et gazière de l’Algérie) et de l’ambassadeur d’Algérie au Niger.
Cette réunion a permis aux trois parties d’avoir une vision commune sur l’importance du projet. Par conséquent, ils ont convenu de mettre en place une feuille de route du projet.
Le projet de gazoduc partira du Nigéria à l’Algérie en passant par le Niger. Long de 4000 km, ce gazoduc fera transiter plusieurs milliards de m3 de gaz ; l’idée étant d’exporter ce gaz vers le marché européen. Une grosse aubaine économique puisque les régions par lesquelles ce gazoduc transitera dans les trois pays (Algérie, Niger, Nigéria) connaîtra un développement économique réel. Qu’est ce qui bloque donc cet ambitieux projet initié depuis les années 80 et qui tarde à devenir réalité ?
Genèse
Selon les nouvelles prévisions, le gazoduc transsaharien (communément appelé NIGAL) devrait relier les 3 pays à partir de 2027.
Si l’idée dudit projet a germé dans les années 80, c’est en juillet 2009 qu’un accord pour sa mise en œuvre a été acté. Une décision saluée par le continent européen qui voit dans ce projet, un moyen de diversifier ses fournisseurs en gaz (la Russie étant le principal fournisseur avec 41% suivi de la Norvège 16%).
Les compagnies pétrolières du Nigéria (NNPC) et la Sonatrach, sa sœur algérienne, les principaux porteurs du projet disposent des fonds nécessaires pour financer son implémentation. Mais, c’est sans compter sur les risques extérieurs. En effet, le gazoduc est censé traverser plusieurs zones à l’époque instable (certaines zones le sont toujours) sur le plan sécuritaire. Le nord du Niger alors contrôlé par des rebelles Touaregs, aujourd’hui miné par des criminels transfrontaliers s’étendant au sud saharien de l’Algérie, le delta du Niger (dans le Nigéria) toujours miné par des actes de piraterie et de sabotage des infrastructures des multinationales.
En juillet 2016, le Nigéria a réaffirmé au 27ème sommet de l’Union africaine sa volonté de participer à ce projet et de détenir le projet à 10% à travers le NNPC contre 90% pour la Sonatrach. Malgré ces efforts, le projet tarde à être lancé.
Le Maroc suivant le dossier de près, las de la longue attente, décida de raccorder plutôt le gazoduc nigérian à celui marocain. Pour cela, il a signé une étude faisabilité en décembre 2016 pour rallonger au pipeline marocain, le « West African Gas Pipeline » (gazoduc nigérian) qui relie déjà le Nigéria au Bénin.
En 2019, le Président Nigérian Muhammadu Buhari a appelé à une coopération accrue avec l’Algérie dans le domaine énergétique. « Dieu a doté le Nigeria et l’Algérie de ressources naturelles, en particulier de gaz et de pétrole et les deux pays n’ont d’autre choix que de coopérer ensemble.»
Le 22 septembre 2021, le ministre Nigérian du Pétrole Timipre Sylva a annoncé avoir commencé la mise en oeuvre du projet.
Ces dernières rencontres entre les ministres Algérien, Nigérian et Nigérien permettront d’acter ledit projet qui fournira 30 milliards de mètres cubes.
Guevanis DOH